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Gloria Silva, avocate colombienne des droits de l’homme

Mis à jour le 27 avril 2021

« Le soutien international aux avocats colombiens des droits de l’homme ne devra pas s’arrêter à la signature des accords de paix».

Gloria a 37 ans. Elle est née à Puerto Rico, une localité située dans le département du Caquetá, au sud de la Colombie, une région fortement marquée par le conflit armé qui sévit dans le pays depuis soixante ans.

Elle a commencé ses études de droit en 1995, sans ambition réelle, au départ, d’en faire un outil de défense des droits du peuple. Puis, le contexte national et le climat de réflexion généré au sein de son université l’ont conduite à s’engager en faveur des personnes victimes de répression politique.

C’est ainsi qu’elle a intégré la Fondation Comité de solidarité avec les prisonniers politiques (FCSPP) en 1999. Créée en 1973, la FCSPP est l’une des plus anciennes ONG colombiennes. La structure compte un bureau central à Bogotá et des sections dans six départements (Antioquia, Atlántico, Cundinamarca, Santander, Tolima, Valle). La FCSPP offre avant tout un appui juridique aux prisonniers politiques et aux détenus de droit commun, mais elle défend également les victimes de la violence et de la persécution politiques en général : harcèlement judicaire, exécutions extrajudiciaires, disparitions forcées de leaders communautaires et paysans, syndicalistes, étudiants, opposants, etc. Gloria fait partie des 9 avocats de l’équipe et travaille depuis Bogotá.

Au fil des ans, plusieurs membres de la FCSPP ont fait l'objet de menaces de mort, disparitions, assassinats. Certains ont été contraints à l’exil. Gloria n’échappe pas à la règle. Elle est régulièrement sur écoute et surveillée de manière illégale lors de ses déplacements et à son domicile. Elle se retrouve souvent accusée au même titre que les clients qu’elle défend.

Gloria ne cède pas aux intimidations et poursuivit son travail acharné. En 2014, elle a par exemple contribué à la reconnaissance de crime contre l’humanité dans deux affaires :

  • l’assassinat de Luciano Romero Molina, membre de la FCSPP et syndicaliste, dans un contexte général de persécution des défenseurs des droits de l’homme et des syndicalistes ;
  • l’exécution extrajudiciaire de Fair Leonardo Porras en tant que victime d’une pratique systématique de l’armée entre 2004 et 2008 qui consistait à obtenir des primes en enlevant et tuant des jeunes hommes pour les présenter comme des guérilleros morts au combat.

La signature des prochains accords de paix, dont la date est annoncée pour le 23 mars 2016, est incontestablement une étape importante pour la construction de l’État de droit en Colombie. Cependant, il conviendra de veiller à leur véritable application. Par ailleurs, Gloria rappelle que les persécutions et les violations des droits de l’homme ont aussi cours en dehors du conflit armé (lors d’interpellations, de manifestations, d’incarcérations par exemple). Sous couvert du processus de paix, Gloria redoute que la communauté internationale cesse d’être vigilante et insiste sur le soutien dont les défenseurs des droits de l’homme, et notamment les avocats, auront encore besoin ces prochaines années !

 

Gloria Silva et la FCSPP sont appuyés dans leur travail contre la torture par ACAT-France.
Le FCSPP est accompagné par Peace Brigades International.
Le Barreau de Paris a rencontré différents membres du FCSPP au cours des dernières années.