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Lancement de la formation « Défense et accompagnement des victimes de violences sexuelles commises par des membres de l’Église catholique ou d’instituts catholiques »

Mis à jour le 17 septembre 2025

Le barreau de Paris lance la première formation de France spécialisée dans l’accompagnement des victimes de violences sexuelles au sein de l’Église catholique. Rencontre avec Frédéric Bibal, secrétaire du Conseil de l’Ordre.

Qu’est-ce qui vous a conduit à créer une formation sur les violences spécifiques dans l’Église catholique ?

Frédéric Bibal : Certaines victimes se trouvent dans des situations particulièrement complexes. Il peut s’agir de violences familiales, d’atteintes liées à des attentats ou encore à des scandales sanitaires, comme ceux impliquant des médicaments. Ces atteintes, de plus en plus spécifiques, exigent des compétences qui dépassent la formation classique de l’avocat accompagnant une victime.

Dans ce contexte, l’Ordre a déjà mis en place plusieurs formations destinées à préparer les avocats à des prises en charge particulières. Certaines d’entre elles ont également pour objectif de constituer des viviers pour des permanences spécialisées, notamment sur les violences intrafamiliales.

Plus récemment, plusieurs acteurs nous ont sollicités au sujet de victimes de violences sexuelles commises dans des institutions ecclésiales, qu’il s’agisse de paroisses ou d’établissements d’enseignement catholique.

Ce domaine présente des spécificités importantes. D’une part, il s’agit d’atteintes sexuelles souvent anciennes, révélées ou exprimées très longtemps après les faits. D’autre part, des dispositifs particuliers ont été mis en place récemment pour traiter ces situations, et il est essentiel que les avocats les connaissent afin de pouvoir accompagner efficacement les justiciables.

C’est dans cette optique qu’a été conçue cette formation spécialisée, destinée aux avocats appelés à intervenir auprès de victimes de violences au sein de l’Église. La première session aura lieu en décembre prochain. Elle réunira des formateurs issus de plusieurs disciplines : avocats, psychologues, mais aussi spécialistes du fonctionnement de l’Église, afin d’en appréhender toutes les dimensions.

Le barreau de Paris est fier de contribuer, en tant qu’institution, à cette nécessité sociale : faire progresser le traitement de ces affaires, qu’il s’agisse d’actions en justice, de conseils ou de démarches relevant de la justice restaurative.

Ce qui rend cette formation particulièrement innovante, c’est sa portée globale : elle couvre à la fois les aspects juridiques, psychologiques et humains, dans une approche transversale qui correspond à la complexité des situations rencontrées.

Quels sont les défis pour un avocat qui accompagne une victime dans ce type d’affaires ?

Frédéric Bibal : Ces dossiers impliquent des personnes souvent en grande fragilité, et relèvent de champs juridiques variés : droit pénal, droit de l’indemnisation, droit canonique, et parfois même droit social. C’est donc un défi à la fois humain et technique, particulièrement exigeant pour les avocats.

Il faut également souligner le caractère singulier de ces situations : il est peu fréquent pour un avocat, même habitué aux contentieux liés aux préjudices, d’être confronté à des victimes de faits survenus il y a 30 ou 40 ans, dans un cadre institutionnel aussi particulier que celui de l’Église.

Quel message souhaitez-vous adresser aux avocats qui hésitent encore à se former sur ces questions ? À quels profils s’adresse cette formation ?

Frédéric Bibal : Il ne s’agit pas uniquement d’un choix de spécialisation professionnelle. Certains avocats s’y intéressent aussi pour des raisons personnelles, parfois en lien avec leur propre histoire ou leur engagement.

La formation est ouverte à toutes celles et ceux qui souhaitent s’y investir sérieusement. Toutefois, il est préférable d’avoir déjà des bases solides en droit pénal et en droit de l’indemnisation, car ce sont les leviers principaux qui seront mobilisés dans l’accompagnement des victimes.

Cela étant dit, cette formation peut aussi constituer une porte d’entrée pour des avocats qui souhaitent s’engager dans ce champ sensible, exigeant, mais profondément utile socialement.

 

 

La formation se tiendra du 12 au 13 décembre 2025 et le 16 janvier 2026.

Inscriptions