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Commémoration de l’assassinat du bâtonnier Tahir Elci

Mis à jour le 27 avril 2021

COMMUNIQUE DE L’OBSERVATOIRE INTERNATIONAL DES AVOCATS EN DANGER (OIAD) - Lundi 28 novembre 2016

Tahir Elçi, né en 1966 à Cizre est mort assassiné le  28  novembre 2015 à Diyarbakir.

Avocat pénaliste et bâtonnier turc d’origine kurde, il était particulièrement connu en tant que défenseur de la cause kurde et des droits de l'Homme. Il s'était notamment illustré dans le combat pour les droits et la justice gagnant plusieurs procès devant la Cour européenne des droits de l'homme contre l'État turc.

Considéré comme une « figure modérée de premier plan de la cause kurde », Tahir Elçi était la cible de critiques de la part des médias pro-gouvernementaux. Bien que recevant des menaces de mort, l'État turc n'avait pas jugé nécessaire de lui octroyer une protection. Peu de temps avant son assassinat, il était arrêté en pleine nuit dans son bureau et inculpé pour apologie du terrorisme, avant d'être remis en liberté sous contrôle judiciaire.

Le samedi 28 novembre se tenait une conférence de presse des avocats du barreau de Diyarbakir en plein cœur de la vieille ville, juste à côté de l’antique minaret, le symbole de la cité capitale du sud-est de la Turquie, peuplé en majorité de Kurdes. «Les quatre piliers du minaret représentent les diverses religions de ce pays. Nous ne voulons plus d’accrochages et de violences en ce lieu historique ; nous voulons la paix». Ce furent ces dernières paroles. Il était un peu plus de 11 heures quand la fusillade a éclaté. Les caméras de sécurité, ainsi que ceux des chaînes de télévision, ont filmé en détail le déroulement de l’assassinat. Deux assaillants armés descendent d’un taxi au coin de la rue, commencent à tirer sur les policiers qui ripostent dans la confusion. Un policier est tué, un autre grièvement blessé – il décédera peu après. Tahir Elçi est atteint d’une balle en pleine tête. Les tueurs prennent la fuite.

Tahir Elçi était un combattant pour le droit respecté par tous, au-delà même du monde kurde, pour ses engagements et son parler vrai. Il n’hésitait pas à critiquer publiquement le PKK, notamment pour sa stratégie d’insurrections urbaines en interdisant aux forces de l’ordre l’entrée des quartiers qu’il contrôle dans les villes du Sud-Est où vivent la majorité des quelque 15 millions de Kurdes du pays. Il estimait que cela ne faisait que creuser le fossé ethnique au sein de la société turque et alimentait l’escalade de la violence. Mais il n’hésitait pas non plus à clamer haut et fort que «le PKK n’est pas une organisation terroriste […] même si certaines de ses actions sont de caractère terroriste, mais un parti politique armé qui a le soutien des masses populaires». Ces propos tenus lors d’un débat télévisé le 14 octobre lui ont valu une inculpation pour «apologie du terrorisme par voie de presse», et il risquait jusqu’à 7 ans et demi de prison.

Plusieurs dizaines de milliers de personnes se sont rendus à ses obsèques.

L’enquête menée à la suite de son assassinat est aujourd’hui dans une impasse et les autorités semblent prêtes à s’accommoder de cette impunité.

L’OIAD salue l’humanité du Barreau de Diyarbakir qui prit alors la décision de ne pas procéder à des élections anticipées après l’assassinat mais a attendu, par respect pour leur Bâtonnier, la fin du mandat de Tahir Elçi.

L’OIAD, aux côtés du Bâtonnier Ahmet OZMEN, successeur du Bâtonnier Tahir Elçi et digne héritier de son engagement, tient à honorer la mémoire de ce Bâtonnier courageux en ce triste jour anniversaire.

Ce jour est désormais à jamais symbole de l’oppression qui s’abat sur les défenseurs de la liberté et des droits.

Un an après cet assassinat, la situation en Turquie n’a fait que s’assombrir pour les avocats, mais aussi pour les juges, les journalistes, les universitaires.

Le souvenir du Bâtonnier  Tahir Elçi doit rester un exemple et renforcer la détermination des avocats de se battre pour les valeurs qu’incarne notre profession, et à ne pas laisser seuls les avocats qui subissent aujourd’hui la même oppression en Turquie et ailleurs.

 

 

 

 

Qui sommes-nous ?

L’Observatoire international des avocats en danger a été fondé par le Conseil national des barreaux (France), le Barreau de Paris (France), le Consejo General de la Abogacía Espanola (Espagne), et le Consiglio Nazionale Forense (Italie). Son objectif est de mener une veille permanente de la situation des avocats menacés dans le monde en raison de l’exercice légitime de leur profession et de porter assistance aux avocats dont la vie, la liberté ou l’exercice professionnel sont menacés.