Déclaration du Barreau de Paris à l’occasion des 60 ans du Traité de Rome
Paris, le 28 mars 2017
Il y a soixante ans aujourd'hui, était signé le Traité de Rome.
Il créait la communauté européenne, fondée sur les trois libertés de circulation des personnes, des services et des capitaux. Il posait les bases de ce qui est devenu, après la chute du Mur de Berlin, l’Union Européenne : la Grande Europe fondée sur le double impératif de liberté et de solidarité.
Une grande espérance prenait forme après des siècles de haines, de guerres, de divisions. Elle a permis d’ouvrir une période de 60 ans de paix et de prospérité. Elle s’ancre dans des racines communes, dans une culture pluriséculaire et dans une foi dans la civilisation, celle des sociétés de Droit.
Nous n’oublions pas qu’un des « pères » de ce projet, Robert Schuman, était un de nos confrères, avocat au barreau de Metz comme il le restera jusqu’à la fin de ses jours. « Le droit, disait-il, est le support de la justice qui est elle-même au service de la cité. »
L’Europe, en effet, repose sur une architecture institutionnelle unique au monde, d’abord par sa construction politique et aussi par l’équilibre de ses règles. Ces institutions sont perfectibles. Mais elles offrent un rempart aux démocraties aujourd’hui ébranlées et une protection aux minorités. L’Europe est le seul continent à refuser la peine de mort.
Cette espérance est aujourd’hui contestée, de l’intérieur comme de l’extérieur. Les ruptures démographiques – dues aux déséquilibres économiques et sociaux - des continents voisins, avec qui nous avons des liens anciens, viennent la menacer. Elles provoquent des séparations avec des pays pourtant proches de nous. La première des libertés reste à défendre, celle d’un égal accès au Droit et à la Justice.
Certains sont tentés de rejeter ce qui a été construit avec patience et parfois dans la douleur. Le Bâtonnier Frédéric Sicard et la vice Bâtonnière Dominique Attias, en charge ensemble du barreau européen le plus ancien, un barreau de 30.000 avocats, ont choisi de placer leur mandat sous le signe de l’Europe. Nous voudrions solennellement rappeler - et nous n’oublions pas le contexte politique dans lequel nous le faisons - que le choix de l’Europe nous engage au-delà de nos générations. L’Europe est indissociable de la reconnaissance de droits et de libertés fondamentaux. Elle doit demeurer profondément un espace de solidarité. Appartenir à l’Europe, c’est respecter des droits, tous ces droits.